> Taiwan : changements fondamentaux ces 10 dernières années                     A Visiter :  le site RSF.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Taiwan    

Changements fondamentaux ces 10 dernières années 


 

Taiwan a connu ces dix dernières années des mutations au niveau de ses médias, les industries audiovisuelles ont connu un réel essor mais c'est surtout depuis peu une véritable révolution du cyberespace avec Internet. 

 

Du point de vue des autorités :

 

1.          Progrès de la presse écrite

2.          Le prolifération des magazines

3.          Développement de l'industrie audiovisuelle

4.          Expansion de la radiodiffusion

5.          Temps forts en matière de télédiffusion

6.          La Révolution du Cyberespace : Internet

7.          Perspectives d'avenir

 

Les Progrès de la presse écrite

Un public bien informé est essentiel à la fois pour une société démocratique et pour une économie liée au marché mondial. La République de Chine est un pays de lecteurs passionnés et avides de la presse quotidienne. Au cours des dix dernières années, le nombre des journaux a été multiplié par dix. Quand les restrictions sur les journaux ont été levées en 1988, on ne comptait alors que 31 quotidiens dans la région de Taiwan. La diversité des sujets couverts et des opinions exprimées dans les 360 quotidiens actuellement disponibles est le reflet de notre société moderne et pluraliste. 

 

Dans les années 50, l'industrie de la presse quotidienne se trouvait dans une situation exceptionnelle dans la mesure où elle fonctionnait dans une société agricole au pouvoir d'achat faible. Dans les années 60 toutefois, la mutation réussie de Taiwan en une société industrielle entraîna une augmentation des tirages et le doublement du nombre de pages de quatre à huit. La concurrence s’accentua, non seulement au sein de la presse elle-même, mais aussi avec la télévision, qui venait tout juste d’être introduite à Taiwan. Au milieu des années 80, le format des quotidiens fut autorisé à passer à 12 pages, ce qui restait toutefois insuffisant pour satisfaire la soif d'information du public. 

Quand les restrictions sur la création et la publication de nouveaux quotidiens furent libéralisées, en janvier 1988, le format des journaux passa à 32 et même 40 pages par édition. La couverture de l'information gagna en profondeur et en professionnalisme et le reportage spécialisé se généralisa. L’augmentation de la circulation de l'information a permis aux quotidiens de fournir aux lecteurs une actualité dans un laps de temps très court et nombre d’entre eux ont opté pour une diffusion en ligne, de sorte que les lecteurs peuvent accéder à des bulletins d’information sur Internet. 

Une des tendances intéressantes de l'industrie de la presse quotidienne se manifeste dans les particularismes géographiques et la diversité sociale de Taiwan. Tandis que les principaux quotidiens de Taipei, tels le China Times, le United Daily News et le Liberty Times proposent une large couverture des questions nationales et ont une approche plus objective de l'actualité, les quotidiens basés à Kaohsiung reflètent le sentiment d'identité locale plus affirmé des gens du sud de Taiwan. La presse de Kaohsiung, agressive et provocatrice, accorde une importance considérable à l'information politique ainsi qu'à la culture, à la littérature et à l'histoire de la région du sud. Les principaux quotidiens de Kaohsiung: le Commons Daily, le Taiwan Times, et le Taiwan Shin Wen Daily News regorgent d'expressions typiques du dialecte taïwanais.


La Prolifération des magazines

A l’instar des journaux, l’industrie des magazines à Taiwan a également connu des changements et un développement considérables. Une concurrence très forte sur ce créneau a conduit à la disparition de nombreux titres implantés de longue date ainsi qu’à l’apparition d’un large éventail de nouveaux magazines. Le nombre de titres est passé d’environ 3 400 en 1988 à presque 5 700 aujourd’hui. 

Les éditeurs assurent la promotion de leurs ventes par des moyens variés : publicité, marketing direct, marketing télévisé, rabais, cadeaux, tirages au sort, etc. Les meilleures ventes sont réalisées par les magazines d’affaires – qui occupent plus de 20% du marché, quant aux magazines à contenu politique et d’actualité, ils sont, sans surprise, également très demandés. Enfin, la demande est de plus en plus forte pour les périodiques spécialisés concernant la vie moderne, l’informatique, la santé, l’alimentation, l’automobile, la presse féminine, la presse parentale, les loisirs et les voyages. 

L’industrie du périodique en République de Chine, comme les autres médias de la presse écrite, perd peu à peu de son lectorat au bénéfice de la télévision et cherche une parade en s’associant – par le biais de sociétés en participation, à des magazines internationaux de renom, pour leurs éditions en langue chinoise, tels que Esquire, Living, Marie-Claire, Net, etc. De nombreux magazines ont également ouvert des sites Web où ils proposent à leurs lecteurs une sélection d’articles de chacun de leurs numéros. 

L’un des magazines politiques les plus lus est The Journalist, un hebdomadaire fondé en 1987. Au cours des dix dernières années, il s’est – par son style virulent, forgé une image de critique incisif des questions de politique. Avec l’explosion de l’industrie de l’informatique en République de Chine et l’arrivée d’Internet à Taiwan, il y a également une très forte demande locale pour les magazines traitant de l’informatique. 

Les périodiques et magazines en anglais, présentés en version bilingue chinois-anglais, sont un moyen ludique pour les lecteurs de Taiwan d’apprendre une langue étrangère. Actuellement, environ dix périodiques de ce type sont publiés à Taiwan. L’un des titres les plus vendus est également disponible en cédérom. Son lectorat est composé à 50% d’étudiants universitaires. 

Dernièrement, de nouvelles tendances sont apparues dans la presse de magazine de Taiwan : mondialisation de l’exploitation, sociétés en participation internationales, informatisation et spécialisation des titres. L’augmentation des revenus et l’élévation du niveau d’instruction de la population de la République de Chine augurent d’un avenir radieux pour ce secteur.

Développement de l’industrie audiovisuelle

Au cours de la dernière décennie, les médias audiovisuels ont également connu d’importantes transformations. L’apparition à Taiwan de la transmission par câble et par satellite a apporté de profonds bouleversements dans l’industrie audiovisuelle depuis vingt ans. En 1993, le gouvernement de la République de Chine a promulgué la Loi sur la télévision câblée qui régit l’ensemble des réseaux câblés qui se sont multipliés à travers l’île. En février 1999, une version amendée de la loi, rebaptisée Loi sur la radio et la télévision câblée, a été adoptée. Elle ouvre l’exploitation du câble aux investisseurs étrangers, interdit l’exploitation en situation de monopole et défend les intérêts des abonnés. 

La Loi sur la diffusion de programmes par satellite a également été promulguée dernièrement afin d’octroyer la légalité à la transmission par satellite des signaux reçus par le câble ou par paraboles. Outre le fait qu’elle s’assure de la pertinence du contenu des programmes, la loi libéralise aussi la diffusion directe par satellite en éliminant la dépendance de celle-ci avec les réseaux câblés.

 

Expansion de la radiodiffusion

La radio continue à occuper une place centrale dans la vie quotidienne à Taiwan, avec une proportion de postes de radio par habitant désormais supérieure à 100%. Avant 1993, la région de Taiwan ne comptait que 33 sociétés de radiodiffusion. A la mi-1998, le nombre était passé à 80, tandis que 65 autres stations étaient en cours de création, dont une radio nationale. L’expansion rapide du secteur de la radiodiffusion est due principalement à la concession, ces dernières années, de fréquences autrefois réservées à un usage militaire ou aux télécommunications et le nombre de stations devrait passer dans un proche avenir à 148. 

Le secteur de la radiodiffusion à Taiwan a beaucoup évolué depuis les années 50, époque où les émissions dramatiques, culturelles, éducatives et les programmes pour enfants étaient les principales sources de divertissement des foyers. L'arrivée de la télévision, dans les années 60, a révolutionné les habitudes de loisirs locales mais la radio a toutefois trouvé une nouvelle vigueur dans les années 80, quand les stations ont mis en place des politiques de programmation destinées à fidéliser une audience ciblée. 

Actuellement, de nombreuses stations de radio se consacrent quasi exclusivement à des spécialités telles que l’actualité, la musique de variétés, la circulation routière, la bourse ou l'agriculture. Au cours des années 90, les stations d’information ont diversifié leur programmation en y incluant des émissions régulières et des entretiens téléphoniques ou en studio. Les quotidiens – forts de leur puissance, ont entrepris de coopérer avec les stations de radio pour permettre aux nouvelles les plus récentes d'atteindre les foyers le plus rapidement possible. 

La diversité sociale en augmentation de la République de Chine et l’assurance grandissante du public ont conduit à la multiplication des programmes avec participation des auditeurs. Ces derniers aspirent à exprimer leurs points de vue sur les ondes à propos des choix faits en matière de développement national et à interroger les représentants de l'Etat invités par les studios à débattre des questions concernant la politique du gouvernement. Ces programmes couvrent une vaste gamme de sujets: tout ce qui va de la santé à la réglementation routière. La radiodiffusion à Taiwan comprend : la diffusion d’émissions locales sur ondes moyennes ou en modulation de fréquence, la diffusion d’émissions vers la Chine continentale sur ondes moyennes et courtes et la diffusion d’émissions spécialisées sur ondes courtes, vers d’autres pays. Des programmes dans les différents dialectes chinois ou en anglais sont également proposés.

Temps forts en matière de télédiffusion

La quasi totalité des foyers de Taiwan est équipée de téléviseurs, ce qui atteste de la place prépondérante et de l'influence de ce média à Taiwan. Il existe actuellement cinq chaînes hertziennes dont la couverture est nationale, y compris la dernière née: Public Television Service. Etant donné les nombreux défis nouveaux auxquels est confrontée la télévision hertzienne, l'évolution de la technologie et les changements incessants de notre environnement social et politique, chaque chaîne s'efforce de se placer dans un créneau particulier qui réponde aux besoins d'une audience diversifiée et de plus en plus exigeante. 

Une avancée décisive dans l'histoire de la télévision de Taiwan a été l'inauguration, en juin 1997, d'une quatrième chaîne hertzienne. Formosa Television (FTV), basée à Kaohsiung, a en effet rejoint les trois chaînes existantes: Taiwan Television Enterprise (TTV), fondée en 1962; China Television Company (CTV), fondée en 1969; et Chinese Television System (CTS), fondée en 1971. FTV est affiliée au parti d'opposition, le Parti démocrate progressiste, et émet en VHF basse fréquence. 

Après une attente longue de dix-huit années, Public Television Service (PTS) est finalement entrée en service, le 1er juillet 1998, sur son propre canal. L'idée de créer une chaîne de télévision publique avait vu le jour en 1980 et quatre ans plus tard, l'Office d'information du gouvernement constituait une cellule de travail chargée de produire des programmes d'intérêt public qui seraient diffusés à tour de rôle sur chacune des trois chaînes commerciales en attendant que cette nouvelle télévision soit dotée de son propre canal de diffusion. 

PTS propose des programmes éducatifs, des documentaires, des pièces de théâtre, des émissions culturelles, des programmes d'information destinés aux populations indigènes et une large gamme de reportages approfondis. La chaîne est au service de groupes restreints de spectateurs comme du grand public. Elle est à but non lucratif, comme l'exige la loi sur la télévision publique. Le but principal de PTS n’est pas de faire de l’audience, au contraire, elle met l’accent sur la qualité de la programmation, avec le souhait d’accroître la curiosité du public pour la culture. Bien qu'elle reçoive des subventions de l'Etat pendant sa première année d’existence, celles-ci devraient diminuer progressivement au fil des ans. 

Les dix dernières années ont vu une concurrence sans précédent au sein de l’industrie de la télévision à Taiwan, avec la légalisation de la prise de participation d’opérateurs privés sur le câble et un engouement accru du public pour la télévision par satellite. Les chaînes hertziennes sont désormais fortement menacées dans la mesure où un nombre de plus en plus important de spectateurs se tournent vers la télévision câblée. Elles sont soumises à une forte pression pour conserver leurs parts de marché, ce qui les pousse à améliorer leur programmation ainsi que leurs installations techniques. 

De tous les médias, la télévision câblée est, sans conteste, celui qui a connu l’un des plus importants développements au cours de ces dix dernières années. La réglementation relative à son exploitation a été arrêtée relativement tard à Taiwan. Quand la Loi sur la télévision câblée fut adoptée en août 1993, des réseaux câblés clandestins alimentaient déjà des usagers à travers l’île, certains ayant amélioré la réception, dans les zones montagneuses, des programmes diffusés par voie hertzienne, d’autres proposant un large choix de programmes transmis par satellite ou enregistrés sur bandes vidéo. 

La légalisation de la télévision câblée a eu pour conséquence une augmentation sans précédent, à plus de 140, du nombre d’opérateurs, chacun proposant plus de 70 canaux de programmation. Le taux de pénétration de la télévision câblée est passé de 44% en 1994 à 80% aujourd’hui, ce qui est le taux le plus élevé de la région Asie-Pacifique. 

Ces réseaux câblés ont, depuis, régularisé leur enregistrement auprès de l’Office d’information du gouvernement et continueront temporairement à fonctionner jusqu’à ce que les réseaux câblés autorisés par la Loi sur la télévision câblée entrent en service dans les régions concernées. Malgré une affluence initiale pour solliciter les licences d’exploitation réglementaires, le nombre de réseaux câblés ayant acquis un permis de constitution a régulièrement baissé, de 143 en 1996 à 103 en octobre 1998, principalement en raison des fusions et des acquisitions qui ont eu lieu dans ce secteur. Sur neuf des chaînes ayant reçu des licences d’exploitation, sept seulement ont commencé à fonctionner. 

Quand la mise en exploitation des 103 réseaux du câble aura débuté, les 140 réseaux qui fonctionnent actuellement en marge de la Loi sur la télévision câblée appartiendront au passé. Les programmes des sociétés de transmission par satellite diffusés par l’intermédiaire des opérateurs de la télévision câblée continuent à grignoter les spectateurs et les recettes publicitaires des chaînes hertziennes de Taiwan. 

En 1995, le gouvernement de la République de Chine a lancé le projet de faire de Taiwan un centre médiatique pour la région Asie-Pacifique. L'objectif de départ est de mondialiser l'industrie des médias de la République de Chine et faire de Taiwan un centre régional de production de films et de programmes télévisés en langue chinoise. D’un point de vue commercial, le projet vise à encourager l’investissement privé, à stimuler la production de films et de programmes télévisés de qualité et faisant appel aux dernières techniques, et de créer un marché dynamique pour les productions en langue chinoise. Pour mettre en ¶uvre le projet de centre médiatique pour la région Asie-Pacifique, l’Office d’information du gouvernement a amélioré l'environnement de Taiwan de sorte que les médias puissent s’y développer, complété la législation avec la Loi sur la Télévision par satellite en République de Chine, et libéralisé l’exploitation de la télévision câblée. 

Les principaux volets du projet de centre médiatique pour la région Asie-Pacifique consistent à : susciter des vocations et former des professionnels des médias ; créer un comité consultatif regroupant des représentants de la profession, du gouvernement et du milieu enseignant ; lancer un appel à projets pour le « parc médiatique » ; et assurer la coordination entre les instances gouvernementales concernées par les dégrèvements sur l'impôt foncier, les réductions des droits de douane et l'octroi de prêts à taux préférentiels. 

En novembre 1998, s’est tenue la première Conférence nationale de la radio et de la télévision afin de débattre des mesures préparatoires à la télévision numérique et à la technologie de la transmission par satellite. La conférence a attiré l’attention du gouvernement sur le fait qu'une nouvelle législation concernant les technologies de radiodiffusion du futur et l’évolution du marché était nécessaire et sur le besoin d'améliorer la compétitivité de l’industrie de la radio et de la télédiffusion locale.

La révolution du cyberespace – Internet

Internet est le secteur médiatique le plus récent. On compte à l’heure actuelle plus de 3 millions d’abonnements Internet déposés en République de Chine, et ce chiffre continue à augmenter rapidement. Les médias écrits et audiovisuels se sont aussi appropriés Internet, et les services de vente sur le Web ont également commencé à se développer. La population de Taiwan dans son ensemble – de l’écolier à l’étudiant et de l’homme d’affaires à la ménagère – a accueilli avec enthousiasme cette nouvelle technologie. 

L’un des avantages majeurs d’Internet, à ce jour, c’est la possibilité d’accéder à des documents éducatifs en ligne. Si un érudit est intéressé par les dernières prises de vues du télescope spatial Hubble ou par un dictionnaire latin-anglais en ligne, c’est sur Internet qu’il pourra les trouver. Il existe toutefois un problème de taille avec Internet, c’est la lenteur du processus de chargement mais, avec l’arrivée de l’accès direct à Internet par le câble, la vitesse sera augmentée de façon exponentielle, ce qui aura pour effet non seulement de porter l’efficacité à son maximum mais aussi de réduire les frustrations.

Perspectives d’avenir

En novembre 1997, dixième anniversaire de l’ouverture des contacts indirects avec la Chine continentale, le gouvernement de la République de Chine a demandé aux autorités de l’autre côté du détroit de Taiwan de signer un accord permettant l’échange de visites de journalistes et la circulation d’informations sur les affaires, comme moyen de dynamiser les relations bilatérales. Il est probable qu’à court terme, lorsque les arrangements nécessaires auront été pris pour la visite de Wang Daohan, président de l’Association des les relations dans le détroit de Taiwan, les liens entre les médias de part et d’autre du détroit progresseront davantage. 

La restructuration et la révision prudentes des lois et règlements seront poursuivies à un rythme soutenu. Le gouvernement a déjà des projets de révision de la législation sur la propriété croisée des médias qui soit adaptée à la situation d’interconnexion caractéristique des médias d'aujourd'hui. 

Il est également prévisible que les médias de Taiwan progresseront de manière significative en termes de technologie, notamment en matière de numérisation. A compter de l’an 2000, Taiwan entrera dans une phase préliminaire, avec pour objectif d’achever la numérisation au tournant de l’an 2007. Cette politique ambitieuse et progressiste n’aura pas pour seule conséquence d’améliorer la qualité du son, de l’image et des transmissions, elle débouchera également sur l’intégration finale de toutes les formes médiatiques. 

Une interaction accrue avec le monde entier sera nécessaire, si nous voulons intégrer les derniers concepts en matière d’éthique journalistique et de technologie. Les universitaires et les milieux professionnels de Taiwan et des autres pays s’entretiennent régulièrement sur de nombreuses questions en rapport avec les médias, ce qui constitue pour eux une excellente occasion d’échanger informations et expériences sur divers sujets allant des stratégies de gestion à l’intégration des services du câble et du satellite, de la publicité télévisée aux droits et intérêts du public.

 

Du point de vue des non-officiels :

Une situation difficile Chine-Taïwan :

Pékin s'est également rappelé au bon souvenir de Taiwan, où se déroulait l'élection présidentielle. Celle -ci a donné à la Chine une occasion supplémentaire de réaffirmer qu'elle n'excluait pas l'usage de la force à l'égard d'un pays considéré comme une «province renégate ». La crise du détroit de Formose – les manœuvres militaires de l'armée chinoise dans les jours qui ont précédé le scrutin présidentiel – n'a cependant pas donné les résultats escomptés, et la Chine cachait mal son amertume derrière des déclarations empruntées : les médias officiels auront réussi à ne jamais parler d'«élections », préférant évoquer «la fin des activités concernant les changements de dirigeants de la région de Taiwan ».                                                                                                                                       Monde Diplomatique 1999.

Taipei, Pingtung habitant de Taïwan, envoyé spécial (une relation tendue, visions différentes de ces relations selon les autorités et les non-officiels) :

«Nous ne voulons pas subir le même sort que Hong-kong», «nous ne voulons pas être avalés par la Chine». Dans les rues de Taipei, samedi, 70 000 personnes ont bravé la pluie avec un seul et même slogan: «Dites non à la Chine», au cours d'un meeting organisé par tous les partis politiques.

Il y a semaine déjà, le 24 juin, deux Mirage 2000-5 puis deux chasseurs F-16 ont traversé, moteurs rugissants, le ciel tranquille de Pingtung. Sous un dais pourpre surplombant un champ de manœuvre militaire, le président taïwanais Lee Teng-hui avait l'air satisfait. Tout l'état-major de l'île plastronnait à ses côtés, ainsi que les présidents des cinq Chambres, les institutions de base de la République de Chine ­ nom officiel de Taiwan. L'exercice militaire mettait aussi en scène hélicoptères, chars, missiles et haut-parleurs sur roues destinés à la «guerre psychologique».

A l'heure de la rétrocession de Hong-kong à l'autre Chine, la République populaire, ce ballet militaire est ostensiblement censé démontrer la capacité des forces armées taïwanaises à repousser une éventuelle attaque des forces chinoises. Et même, disent les militaires, à reprendre des positions dont l'ennemi se serait emparé par surprise. Lee Teng-hui est satisfait de la modernisation de la Défense taïwanaise, qui a récemment pris livraison, outre des premiers Mirage français et F-16 américains, de frégates de combat françaises et de missiles antimissiles américains Patriot.

Mais il se dit peu rassuré sur les intentions de la Chine. Pékin présente comme un «irrésistible courant historique» le retour dans le «giron de la mère patrie» de Hong-kong aujourd'hui, puis de Macao en 1999 et enfin (hypothétiquement) de Taiwan. La Chine peut lancer une attaque contre Taiwan «n'importe quand», affirme Lee dans un communiqué diffusé le jour des manœuvres aux ambassadeurs représentant les quelque trente pays qui préfèrent encore reconnaître Taiwan plutôt que la Chine. «La menace est sérieuse et immédiate... Nous devons nous tenir prêts.»

Pourtant, le gouvernement de Taiwan craint de susciter une nouvelle poussée belliqueuse de Pékin, qui s'est déjà manifesté par d'impressionnantes manœuvres aéronavales et des tirs de missiles entre septembre 1995 et mars 1996. Le statu quo étant l'option la plus souhaitable actuellement pour Taiwan, l'apaisement envers Pékin est de rigueur. Dans un discours en chinois (donc destiné à Pékin) à l'issue des exercices militaires de Pingtung, le président Lee s'est montré conciliateur. Ces exercices sont «routiniers» et, sous-entendu, ne visent pas à troubler les cérémonies de rétrocession...

La situation de Taiwan sur la scène internationale n'a jamais été aussi mauvaise depuis que les troupes nationalistes de Tchang Kaï-chek s'y sont réfugiées après la victoire communiste de 1949. Malgré les aides massives de Taipei, plusieurs pays reconnaissant Taiwan semblent sur le point d'établir des relations avec la Chine populaire, isolant de plus en plus Taiwan.

Pékin est parvenu dernièrement à dissuader Jacques Chirac et Bill Clinton d'assister à la conférence sur le canal de Panama en septembre. La raison? Elle a été sponsorisée par Taiwan, qui a payé la facture et offert 80 millions de dollars américains de prêts aux pays d'Amérique centrale. «La Chine veut nous étouffer. Qu'y a-t-il de mal à saisir toutes les occasions d'affirmer notre souveraineté», plaide Shiau Tzer-jenn, un responsable du Bureau des affaires continentales.

La rétrocession de Hong-kong semble rapprocher un peu plus Taiwan d'une absorption par la Chine. Une éventualité jugée indésirable, selon les sondages, par la majorité des 22 millions de Taïwanais. Au point que le retour de Hong-kong à la Chine semble ne pas intéresser grand monde. «Nous avons si peu en commun avec la Chine continentale, explique un habitant de Taipei, taïwanais de souche. Ici, nous sommes libres et prospères. On ne va tout de même pas leur donner l'argent qu'on a gagné.» Très minoritaires, les Chinois venus dans la débâcle nationaliste de 1949 sont à peine moins catégoriques. Wang Yousheng, un chauffeur de taxi qui a fui son Shandong natal à l'âge de 13 ans, explique qu'«à la limite», il accepterait une sorte de «confédération». Mais un tel arrangement n'est pas à l'ordre du jour.

La formule de Deng Xiaoping «un pays, deux systèmes», a toujours été rejetée par Taipei. Officiellement, une réunification est envisageable si la Chine devient une démocratie. Mais, comme l'ont démontré les succès électoraux du Parti du progrès populaire, indépendantiste, qui tient la mairie de Taipei, et les atermoiements du Kuomintang, qui prône de moins en moins fort la réunification, Taiwan fait tout pour affirmer sa souveraineté.

Sans aller trop loin, puisque Pékin menace d'ouvrir les hostilités si l'île devait formaliser son indépendance. La visite du président Lee aux Etats-Unis en 1995, bien qu'elle n'ait pas été officielle, a poussé Pékin, voilà un an, à déclencher des manœuvres militaires d'intimidation. Se sentant soutenu par Washington, Taiwan s'estime en relative sécurité. «Le maintien de l'ambiguïté stratégique américaine sert de dissuasion», juge Tien Hung-mao, un conseiller du président Lee.

En établissant des contacts commerciaux directs avec un Hong-kong redevenu chinois, le changement de souveraineté du territoire érode un des principes de Taiwan. Taipei n'autorise que le commerce «indirect» entre les deux Chines, via Hong-kong. La sémantique étant l'une des armes favorites du duel, Taipei a trouvé une parade. Hong-kong est appelé «zone spéciale». «Il n'y a donc pas de lien direct», conclut Shiau en réprimant un sourire.

Pékin a promis de laisser intactes les huit représentations taïwanaises à Hong-kong.

Mais Taipei se méfie de la bonne volonté apparente de Pékin. «La Chine va avoir des moyens de pression plus importants encore, et va essayer de nous orienter vers son concept d'une seule Chine», juge le conseiller du président. Pékin aurait ainsi l'intention de fermer à Hong-kong les consulats des pays reconnaissant Taiwan. Tien se dit inquiet: les investissements hongkongais à Taiwan, qu'il sera difficile de distinguer des chinois, pourraient «bien servir des buts politiques». Sans qu'il soit encore possible de parler d'envahisseurs de la planète Marx, «il semble que certains médias et hommes politiques taïwanais ont déjà été influencés...».

Libération 1997

Départ historique d'un bateau taïwanais vers les côtes chinoises (vers une amélioration) :

MATSU, Taiwan (AP) -- Salués par les gongs et des feux d'artifices, quelque 500 Taïwanais ont quitté leurs terres mardi à bord d'un bateau à destination des côtes chinoises, entreprenant la première liaison autorisée depuis plus de 50 ans vers la Chine.

Le voyage intervient vingt-quatre heures après le départ d'une première embarcation vers le continent, visant à marquer la levée lundi de l'interdiction vieille de 51 ans des liaisons maritimes et des liens commerciaux entre les deux îles taïwanaises de Kinmen et Matsu et la Chine.

La traversée a finalement tourné court en raison de conditions climatiques défavorables.

Pour ses partisans, le premier voyage autorisé lundi sur un itinéraire autrefois emprunté par les trafiquants marquait une étape vers un apaisement des tensions entre Pékin et ce que le régime chinois considère comme une république renégate. Taiwan a pris la décision d'assouplir l'embargo afin d'enrayer les trafics illégaux par voie de mer.

Les passagers taïwanais du bateau qui a levé l'ancre mardi sont des adorateurs de la déesse Matsu, considérée comme la patronne des pêcheurs, dans l'île et dans le sud-est de la Chine.

AP 2 janvier 2001.

Y 'a t'il une vrai liberté de la presse à Taiwan ?

La réponse est oui, définitivement. Il y a une réelle liberté de la presse à
Taiwan. En fait le régime est une vraie démocratie (pas comme de l'autre
coté de détroit), jeune, certe !
La presse est tellement libre qu'il n'y a pas (encore) de limites, notamment
à la télévision. On peut interviewer les victimes d'un accident de voiture
encore couvertes de sang, être sur les lieux d'un crime avant la police et
donner l'adresse en direct à la télévision....
Au niveau politique c'est la même chose. Et si quelqu'un ose dénoncer cette
forme de journalisme on crie à la censure.
En fait, du fait de la liberté récente de la presse, celle-ci n'est pas
encore capable de faire la part des choses.

Réponse d'un historien expert en liberté de la presse à Taïwan

Taiwan, un des enjeux du Forum Chine-Afrique


PEKIN correspondance AFP - La question de Taiwan, encore reconnu par huit Etats d'Afrique sur 52 au grand dam du gouvernement chinois, sera l'un des enjeux du premier "Forum de Coopération Chine-Afrique" qui se réunit à partir de mardi à Pékin. A la suite de pressions de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), la Chine s'est résolue à accorder un statut "d'observateur" aux huit pays d'Afrique qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec elle mais avec le gouvernement rival de Taipei: le Sénégal, la Gambie, le Burkina, le Libéria, le Malawi, le Tchad, le Swaziland et Sao Tomé et Principe. A quelques jours du début de la conférence, on ignorait encore lesquels de ces pays avaient accepté cette invitation spéciale, a indiqué Liu Guijin, directeur du département Afrique au ministère chinois des Affaires étrangères. Au cours d'un point de presse, M. Liu a assuré que le Forum n'avait pas pour but d'ôter à Taiwan des partenaires diplomatiques, même s'il s'est dit "convaincu qu'un jour tous les pays d'Afrique qui n'ont pas de relations diplomatiques avec la Chine reconnaîtront le principe de la Chine unique". La Chine impose la reconnaissance de ce principe, par lequel Taiwan fait partie du territoire chinois, à tous les Etats qui établissent des relations diplomatiques avec elle. Seule un trentaine de pays du monde reconnaissent Taiwan, pour la plupart des pays pauvres d'Afrique, du Pacifique ou d'Amérique Latine. Taiwan a en outre perdu début 1998 son principal allié, l'Afrique du Sud, qui a établi des relations diplomatiques avec Pékin. "La course avec Taiwan s'est un peu apaisée ces dernières années, Taiwan étant moins prêt à dépenser de l'argent pour s'acheter des amis, d'autant que certains ont plusieurs fois changé d'allégeance", a observé un diplomate occidental.

 

Site crée dans le cadre des TPE (travaux personnels encadrés) par des élèves de première ES 2 du Lycée Daudet à Nîmes.