>  Accueil  > Courte Présentation de Taïwan                                                   A Visiter :  le site RSF.fr

 

Document Cartographique 1

Document Cartographique 2

Document Cartographique 2

Drapeau

 Taipei 

 

 

 

 

 

 

Courte Présentation

 

Taiwan est une île située au large des côtes chinoises, constituant l'essentiel d'un État, la Chine nationaliste, non membre de l'ONU et non reconnu officiellement par la plupart des pays du monde. Son nom officiel (République de Chine ) est peu usité. Malgré cette non-reconnaissance, Taiwan est important par sa puissance économique et par le rôle qu'il joue en Asie orientale. Il est membre de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN ).


Géographie physique

L'île (35 961 km 2 ), a la forme d'un ovale, dont l'axe le plus long a une direction nord-sud et une longueur de 400 km. Sa largeur la plus importante est de 120 km. Elle est dissymétrique et montagneuse.

Relief


La partie orientale est occupée par des montagnes, qui forment quatre alignements parallèles nord-sud. Le plus élevé, dépassant 3 500 m sur une grande partie de sa longueur, se trouve à l'est ; son point culminant, le Yu shan, atteint 3 997 m. Les autres chaînons sont moins élevés, mais les altitudes supérieures à 2 000 m y sont encore fréquentes. Ces axes montagneux sont séparés par des bassins d'effondrement qui aèrent le relief. Les montagnes sont dues à des plissements violents et récents, puisqu'ils sont contemporains de la surrection de l'Himalaya à la fin du Tertiaire. Ils affectent un ensemble de roches où les schistes sont très largement représentés. Tout au nord, de hautes collines sont dues à la présence de volcans. Aucun d'eux n'a manifesté d'activité récente, mais la zone est instable et les séismes sont assez fréquents. Les montagnes sont bordées à l'ouest par un ensemble de collines schisteuses, puis par une plaine littorale basse assez étroite. Au total, les collines et les piémonts entre 100 et 500 m et les plaines au-dessous de 100 m représentent moins de la moitié de la superficie de l'île.


Climat


L'île connaît aussi une dissymétrie climatique. Comme elle est traversée par le tropique du Cancer et soumise à un régime de mousson, elle est, dans l'ensemble, chaude et arrosée. Mais le Sud-Ouest reçoit essentiellement des pluies entre mai et septembre, apportées par la grande mousson asiatique, tandis que le Nord et la côte est reçoivent l'essentiel des précipitations entre octobre et janvier, lorsque s'est établi un régime de vents d'est à nord-est, qui relève de la circulation de l'alizé pacifique. Les typhons qui arrivent de l'océan, principalement à la fin de l'été, affectent surtout les côtes orientales, bien qu'ils puissent, à l'occasion, atteindre d'autres parties de l'île et y causer des dégâts importants.Les températures élevées des régions basses (plus de 22 °C en moyenne dans le Nord et près de 25 °C dans le Sud ) sont atténuées par l'altitude, ce qui provoque un étagement de la végétation. Les régions basses, au-dessous de 500 m, sont très défrichées ; elles peuvent porter trois récoltes de riz par an. On y observe encore quelques traces de forêt tropicale humide toujours verte. Une forêt mixte de feuillus et de conifères s'étage entre 1 800 et 2 500 m ; ces derniers dominent seuls dans les forêts d'altitude, de 2 500 à 3 000 m.


Population

Estimée à 21,5 millions d'habitants [1997 ], la population de Taiwan est composée de plusieurs strates qui correspondent à des phases successives de peuplement. On trouve encore environ 300 000 descendants des premiers habitants de l'île, qui, par leur langue et leur culture, ont des affinités avec les habitants du sud-ouest du Pacifique. On les qualifie donc de « malayo-mélanésiens », ou encore d'« austronésiens ». Localement, ils sont connus sous le nom de Gaoshan, ou « gens des hautes montagnes ». Il est vrai qu'ils sont, pour une très large, part installés dans les montagnes, où ils pratiquent une agriculture assez extensive, bien qu'elle présente actuellement des signes très nets d'évolution.

On appelle Taiwanais les descendants d'immigrants venus pour l'essentiel des provinces sud-orientales de la Chine, notamment du Fujian voisin. Parmi eux, on fera une place à part aux Hakkas, membres d'une minorité probablement originaire de la Chine du Nord, installée dans le sud du pays depuis des siècles, mais qui a gardé son identité culturelle. Les Hakkas représentent environ 10 % de la population de l'île. Une troisième strate est constituée par les quelque 3 millions de Chinois nationalistes réfugiés à Taiwan en 1949. Ces arrivés récents parlent souvent le mandarin au lieu des dialectes de la Chine du Sud des Taiwanais, et sont encore ressentis comme différents. Ils occupent une place importante dans la vie politique et l'administration.

Les phases successives d'immigration ont amené dans l'île une population nombreuse, qui a connu un accroissement naturel important. Il reste d'ailleurs relativement fort (0,9 % par an ) [estimation 1997 ] car, bien que la fécondité ait baissé (1,8 enfant par femme ) [estimation 1997 ], la natalité est demeurée élevée en raison de la jeunesse de la population (15 ‰) [estimation 1997 ] et la mortalité est restée basse (6 ‰) [estimation 1997 ]. La densité moyenne de 597,8 h./km² [estimation 1997 ] représente une pression démographique d'autant plus forte que la population est très concentrée dans les régions non montagneuses, c'est-à-dire sur moins de la moitié de la superficie. Les densités supérieures à 600 ou 700 h./km² sont courantes, et la population est fortement urbanisée. Une quarantaine de villes dépassent 100 000 habitants, et cinq ont plus de 500 000 habitants : Taipei, la capitale (dont l'agglomération compte 8 millions h.) [1994 ] au nord, et Gaoxiong, au sud, sont les points forts d'un semis urbain dense et équilibré qui organise l'espace de la plaine occidentale. En dehors de celle -ci, on ne compte guère qu'une ville importante, le port de Hualian, sur la côte est.

Des formes de vie spécifiques

Les très grandes îles (ou «îles continents ») telles que le Groenland (la plus grande île du monde ), l'Australie ou Madagascar (la quatrième ) présentent des climats et des formes de relief très proches de ceux des continents, mais leur flore et leur faune développent, comme sur des îles de plus petite taille, des caractères particuliers. En effet l'isolement provoque, quelle que soit l'étendue de ces terres, l'apparition et le développement de formes de vie spécifiques ou le maintien d'espèces disparues sur les continents. L'éloignement, l'obstacle que représentent les bras de mer, la faible variété des milieux naturels quand l'étendue est réduite expliquent le nombre restreint d'espèces différentes rencontrées dans les îles. Cet isolement permet en même temps la survie d'espèces condamnées sur les continents, car il écarte les causes de leur disparition (de nouveaux prédateurs, des espèces rivales et plus résistantes ). C'est du reste après son escale dans les îles Galápagos que Charles Darwin élabora sa théorie de l'évolution des espèces.

Les exemples abondent de cette spécificité des formes de vie insulaires, appelée «endémisme insulaire »: les flores de la Grande-Bretagne et de la Corse se caractérisent par l'existence de sous-espèces absentes du continent. Mais les cas les plus marquants d'endémisme insulaire s'observent au sein de la faune. L'ordre des mammifères, animaux très évolués, apparus plus récemment que les autres et plus fragiles, est presque systématiquement sous-représenté dans les îles, notamment dans les îles océaniques : la Nouvelle-Zélande, par exemple, est dépourvue de mammifères autochtones, tandis que Madagascar ne compte ni singes ni grands herbivores (seule une partie de sa faune [11 %] est commune à celle de l'Afrique ). Les mammifères australiens sont des marsupiaux (kangourou, koala ), peu représentés ailleurs, ou des monotrèmes (ornithorynque, échidné ), absents sur les autres continents. Les autres ordres animaux sont aussi partiellement atteints d'endémisme : pas de serpents venimeux et peu d'amphibiens à Madagascar, présence d'oiseaux aptères (dépourvus d'ailes ), tel le kiwi, en Nouvelle-Zélande. Le nombre réduit d'espèces vivantes présentes sur les îles est compensé par l'abondance des individus : l'absence dans la chaîne alimentaire de prédateurs supérieurs (comme les mammifères carnivores ) permet la prolifération des maillons inférieurs (herbivores ), surtout lorsqu'ils ont été introduits par l'Homme. Ainsi, les lapins, importés en Australie au XIXe siècle, se sont multipliés au point de menacer la végétation. La myxomatose, volontairement répandue, a permis d'écarter le péril.

Les habitants des îles

Certaines populations ont pu, grâce à leur isolement, vivre jusqu'au XXe siècle comme à l'âge de pierre (aborigènes de Bornéo ou d'Australie ). D'autres ont trouvé dans les îles un refuge face à des envahisseurs (Mélanésiens ), ou des terres nouvelles à occuper (Polynésiens ), y développant des formes sociales nouvelles et originales. Les îles ont aussi accueilli des populations déplacées contre leur gré, qui ont su recréer des sociétés très spécifiques : esclaves noirs africains dans les Antilles françaises et britanniques, bagnards et déportés politiques dans l'île de la Réunion, dès le XVIIe siècle.

Par ailleurs, les îles, même proches du continent, se caractérisent le plus souvent par des conditions économiques plus contraignantes. Elles sont souvent dépourvues de ressources essentielles (eau douce, bois, matières premières ) du fait de leur taille, et doivent importer l'essentiel des produits, dont le prix est fortement majoré par le coût du transport. Leurs infrastructures de services (hôpitaux, écoles, administration, commerces ) sont parfois très légères, surtout dans les petites îles. Dans les États insulaires tels que le Japon, l'Indonésie ou les Philippines, les liaisons entre les différentes parties du territoire national sont très coûteuses, obligeant à construire d'immenses ponts ou tunnels, ou à multiplier des liaisons aériennes et maritimes peu rentables. Toutefois, depuis quelques décennies, le développement du tourisme dans ces espaces attirants par leur climat (îles tropicales ) ou leur style de vie original tend à compenser les handicaps et procure à leurs habitants une source de revenus importante. Dans certaines îles, le tourisme est presque devenu une mono-activité, à tel point qu'il représente un risque pour leur économie et leur environnement. Enfin, les îles océaniques, après avoir servi de simples dépôts de vivres, et ce jusqu'au début de ce siècle, sont devenues, grâce à l'extension des eaux territoriales, des territoires stratégiques ou économiques essentiels pour les pays les plus puissants, abritant des bases militaires ou permettant de contrôler d'immenses étendues maritimes. Du fait de l'enjeu qu'ils représentent, la soixantaine de «micro-États » insulaires que compte la planète connaissent souvent des troubles politiques, accentués par des conditions économiques parfois précaires.

Gouvernement et vie politique 

Taiwan, officiellement république de Chine, est gouvernée conformément à la Constitution adoptée en décembre 1946 et amendée ultérieurement. Cette Constitution demeure en accord avec la théorie des «!cinq pouvoirs!» définie par Sun Yat-sen, qui a ajouté aux trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) deux pouvoirs spécifiques au monde chinois : le pouvoir d’examen (mandarinat) et de contrôle.

Le pouvoir exécutif est exercé par le président élu pour quatre ans au suffrage universel direct. Le chef de l’État est assisté par un Conseil de l’exécutif et par le Premier ministre.

Le conseil législatif (Yuan), composé de 220 membres au début des années quatre-vingt-dix, est la principale institution compétente pour légiférer. L’Assemblée nationale élit le président et enregistre les amendements à la Constitution. L’Assemblée nationale était à l’origine composée de 900 représentants nommés à vie. En 1991, l’Assemblée fut dissoute et reconstituée de façon à inclure 325 membres nouvellement élus et 78 membres titulaires élus en 1986.

La plus haute instance judiciaire de la république de Chine est le Conseil judiciaire ou Conseil des grands juges. Celui-ci supervise la Cour suprême, la Haute Cour, les cours administratives, les cours de districts et les autres tribunaux. Le Conseil de contrôle a une fonction semi-judiciaire : il surveille les activités des différentes autorités gouvernementales et a un pouvoir de mise en accusation.

Taiwan est certes le siège de la république de Chine, c’est-à-dire de l’un des gouvernements revendiquant l’autorité sur l’ensemble du territoire chinois, mais elle est aussi une province de Chine. En tant que telle, elle est administrée par un gouverneur, qui est le chef du Conseil provincial (la principale autorité politique de la province). Une assemblée provinciale demeure également en activité. Le gouverneur est nommé par le président de la république de Chine et les membres du Conseil provincial par le Conseil des ministres de la république de Chine. Les membres de l’assemblée provinciale sont élus au suffrage universel pour quatre ans. Chaque district de la province est dirigé par un magistrat et chaque municipalité par un maire.

Le parti politique le plus important de la république de Chine est le Guomindang, le parti fondé par Sun Yat-sen en 1912. En 1990, il rassemblait environ 2,4 millions de membres. Le régime dictatorial établi par Jiang Jieshi ne s’est assoupli légèrement qu’à partir de 1987, date à laquelle la loi martiale fut levée. Jusqu’en 1989, le Guomindang a été le seul parti politique légal. Depuis, d’autres formations ont été légalisées, comme le Parti de la jeune Chine, le Parti socialiste démocratique chinois et le Parti démocrate progressiste.

Depuis 1949, la menace d’une guerre avec la République populaire de Chine a transformé Taiwan en un véritable arsenal. En 1992, l’armée comptait 425 000 hommes, dont 289 000 dans l’armée de terre, 68 000 dans l’armée de l’air, 68 000 dans la marine. Le service militaire est obligatoire et dure deux ans.

Une économie prospère

Le gouvernement de Taiwan a poursuivi un intense programme d’industrialisation, et l’industrie est devenue le secteur économique dominant. La politique économique menée depuis 1953 a permis à Taiwan de devenir la sixième puissance économique d’Asie. En 1995, le produit intérieur brut (PIB) de Taiwan a atteint 206 milliards de dollars!; le revenu par habitant étant évalué à 9 716 dollars. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, le taux de croissance annuel oscille entre 6 et 8 p. 100 par an.

La population active de Taiwan compte 8,1 millions de personnes. Environ 11,5 p. 100 de la population active est employée dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche, 38,5 p. 100 dans les mines et l’industrie, et 50 p. 100 dans le commerce et les services. Les syndicats (2 750) regroupent près de 2,1 millions de membres. La plus puissante organisation syndicale est la Fédération chinoise du travail.

Son Histoire 

Histoire

Taiwan, en raison de sa situation insulaire, est demeurée toujours un peu en marge de l’histoire de la Chine comme l’île d’Hainan plus au sud. Selon la tradition, la Chine aurait envoyé une expédition sur l’île de Taiwan dès 603 apr. J.-C., qui aurait été dès cette époque une terre d’immigration. En 1590, des navigateurs portugais prirent pied sur l’île, qu’ils nommèrent «!ilha formosa!» (la belle île). Ils furent chassés par les Espagnols qui étendaient leur empire depuis leurs bases des Philippines. En 1622, ces derniers furent dépossédés par la Hollande des îles Pescadores (aujourd’hui Penghu) : trois ans plus tard, des Hollandais étaient établis sur la côte sud-est de Taiwan, où ils restèrent pendant trente-sept ans.

La période mandchoue

La colonisation hollandaise fut remise en cause sous les Ming. En 1662, le pirate Coxinga (Cheng Cheng-kung) chassa les Hollandais de Taiwan. Les Chinois occupèrent alors une grande partie de l’île, qui devint une terre d’immigration et sera rattachée administrativement à l’Empire chinois en 1683. Dès lors, l’île partagea les vicissitudes de l’histoire de la Chine. Beaucoup de paysans migrèrent alors du continent vers l’île de Taiwan, mais la majorité de la classe paysanne vivra dans une situation précaire et nombreux seront les soulèvements populaires. Le traité de Tianjin en 1858, consacrant la victoire franco-britannique sur la Chine, obligea les Chinois à ouvrir au commerce étranger deux ports de la côte est, tandis que des missions catholiques et protestantes s’installaient sur l’île.

L’occupation japonaise

La guerre sino-japonaise de 1895 fit entrer Formose dans l’orbite japonaise. Le Japon arracha à la Chine, par le traité de Shimonoseki Taiwan et les Pescadores. L’occupation japonaise devait durer jusqu’en 1945!; la population autochtone fut placée sous une étroite surveillance et le japonais devint la langue officielle de l’île. L’instruction fut dispensée dans la langue du vainqueur, les villes débaptisées, la production agricole et industrielle de l’île exportée à 80 p. 100 vers le Japon. Plusieurs rébellions furent réprimées dans le sang par les Japonais, qui, en raison de l’intérêt stratégique de l’île, renforcèrent leur contrôle sur Taiwan à partir de 1939.

Conformément aux promesses faites par les Alliés à Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) lors de la conférence du Caire en mai 1943, l’île, évacuée en septembre 1945 par les Japonais, fut restituée à la Chine. La défaite des nationalistes du Guomindang face aux troupes communistes allait transformer la situation de Taiwan. Environ deux millions de Chinois quittèrent le continent pour se réfugier à Taiwan. Le 8 décembre 1949, le gouvernement nationaliste de la Chine, emmené par le général Jiang Jieshi, s’établissait à Taipei. En 1951, les États-Unis reconnurent le gouvernement de la république de Chine comme le seul gouvernement légal de la Chine. Depuis, Taiwan a toujours été gouvernée par le Guomindang. L’essor économique a sans doute épargné à Taiwan les troubles politiques qu’auraient pu entraîner l’aspect dictatorial du régime de Jiang Jieshi. La libéralisation du régime amorcée par Jiang Jingguo à partir de 1975 a été poursuivie par le nouveau président Lee Tenghui, qui est un Taiwanais d’origine. Les élections générales de 1989, remportées par le Guomindang, ont été les premières auxquelles pouvaient participer librement les partis de l’opposition. Lee Tenghui a été réélu pour un mandat de six ans en mars 1990 et pour un mandat de quatre ans en 1996, au cours des premières élections démocratiques du monde chinois. En 1991 furent élaborés un plan de restructuration du gouvernement, ainsi qu’un plan à long terme en trois phases, ayant pour objectif la réunification avec la Chine continentale. En avril 1993, des représentants de la Chine et de Taiwan se sont rencontrés sur le territoire de la république de Singapour, où ils abordèrent le problème des relations entre les deux pays et mirent en place un programme de rencontres ultérieures entre les deux gouvernements. Le sommet de Singapour fut le premier échange de haut niveau entre la République populaire de Chine et Taiwan depuis 1949. Si les deux partenaires sont d’accord sur le but, la réunification de la Chine, en revanche aucun des deux ne s’accorde sur les moyens d’y parvenir.

La visite du président Lee Tenghui aux États-Unis en juin 1995 entraîna une dégradation des relations entre les deux pays, qui se traduisit par des exercices militaires d’intimidation de la Chine au large de Taiwan en juillet et août 1995 (avec tirs de missile) et en mars 1996 à la veille des élections présidentielles taiwanaises. La rétrocession de Hong Kong à la Chine, considérée par celle-ci comme un modèle applicable à la «!province!» de Taiwan, a conduit le président Lee à souligner l’incompatibilité des deux systèmes politiques. Malgré ces divergences de fond sur le statut de l’île, les relations économiques entre Taiwan et la Chine n’ont cessé de se renforcer. La réaffirmation par B. Clinton, lors de son voyage officiel en Chine, de la souveraineté de celle-ci sur Taiwan a créé une certaine inquiétude sur le soutien apporté par les États-Unis.

     Information : L'ombre Chinoise (article de 1998)



Le retour de Hongkong – et bientôt de Macao – dans le giron de la République populaire de Chine fait de Taiwan le seul territoire chinois à n'avoir pas rejoint l'orbite de Pékin. Pour éviter de connaître ce sort, Taipei, forte du dynamisme de son économie, tente de trouver auprès de la communauté internationale la garantie de son indépendance. N'ayant obtenu aucun soutien notable en la matière, Taiwan peut regarder l'avenir avec une légitime inquiétude.

Une fois de plus, l'année diplomatique taiwanaise s'est déroulée dans l'ombre portée du voisin chinois. On se souvient que l'épreuve de force de mars 1996 avec ses grandes manœuvres militaires dans les eaux de l'île avait tourné court, établissant même, a contrario, la volonté des États-Unis de rester le gendarme du Pacifique. Si Pékin n'a pas jugé bon de manifester en 1997 aussi spectaculairement ses visées hégémoniques sur la Chine nationaliste, on aurait tort d'en conclure que la pression s'est relâchée. Tout indique, en effet, que la rétrocession de Hongkong à la Chine constitue une menace tout aussi sérieuse pour Taipei, qui se retrouve en quelque sorte en première ligne sur l'agenda de Pékin. L'île reste toujours, depuis 1949 et selon la formule consacrée en République populaire, une «province rebelle ». En dépit des efforts de Taiwan pour obtenir une reconnaissance internationale – des efforts souvent payés «cash » –, seulement une trentaine de petits pays maintenaient des relations diplomatiques avec le régime du président Lee Teng-hui. Ultime camouflet pour ce dernier, l'Afrique du Sud de Nelson Mandela a décidé de rompre ses relations avec Taiwan, mettant ainsi un terme à une vingtaine d'années d'échanges privilégiés. Eu égard à la position géostratégique pour le moins délicate de l'île, on comprend que le ministre taiwanais des Affaires étrangères ait multiplié, comme à l'accoutumée, les voyages à l'étranger.


Après Hongkong, Taiwan ?


Bien que depuis sa réélection le président Lee Teng-hui ait mis une sourdine à ses revendications nationalistes, le retour de Hongkong dans le giron de la Chine populaire a donné lieu à une forte mobilisation publique dans les rues de Taipei, où l'on manifestait bruyamment contre la réunification de la «Grande Chine ». De son côté, le chef de l'État préférait user d'arguments plus feutrés, estimant que la formule «Un pays, deux systèmes », le viatique relationnel de Hongkong et Pékin, ne pouvait pas s'appliquer à Taiwan dans la mesure où une association entre un pays communiste et un pays démocratique serait bien évidemment contre nature. Si Pékin ne pouvait guère s'offusquer des manifestations d'hostilité déclenchées par la rétrocession de Hongkong, en revanche, en recevant le dalaï-lama en mars, Taipei s'est attiré les foudres de son puissant voisin.

Si les relations entre Taiwan et la Chine ne peuvent être que conflictuelles, le pragmatisme en matière commerciale était toujours à l'ordre du jour, le continent ayant engrangé quelque 20 milliards de dollars d'investissements taiwanais, un volume considérable puisqu'il représente la moitié du stock engagé à l'étranger. Et comme rien n'est venu contrarier les exportations de l'île vers la Chine et vers les États-Unis, premier partenaire commercial de Taiwan, l'économie taiwanaise affichait une croissance supérieure à 6 %. Il reste que les délocalisations sur le continent, débouché naturel de l'île, faisaient toujours l'objet de restrictions, le régime du président Lee Teng-hui ne paraissant pas prêt à franchir le pas par crainte de créer une dépendance politique. Pourtant, on a pu voir que la Chine était décidée à renouer ses contacts avec les milieux d'affaires taiwanais susceptibles de faire pression sur le gouvernement afin qu'il privilégie la logique des affaires, il est vrai quelque peu mise à mal après la démonstration de force de la marine de Pékin au large de l'île l'année précédente.


Crise politique sur fond d'affaires criminelles


De son côté, le gouvernement de l'île a traversé une zone de fortes turbulences. La vie de l'archipel aura en effet été secouée par une vague d'affaires criminelles et quelques révélations sur la corruption qui ont jeté le discrédit sur la classe politique. Parmi les crimes non élucidés, on retiendra, entre autres, l'enlèvement et l'assassinat de la fille de Pai Ping-Ping, une célèbre actrice de la télévision taiwanaise. Largement exploité par les médias, l'événement a donné lieu à de nombreuses manifestations d'hostilité à l'endroit du gouvernement, accusé d'incompétence. Cette affaire a pris une telle ampleur que le Premier ministre, Lien Chan, en charge des affaires depuis le 10 février 1993 et reconduit en 1996, a dû se résoudre, sur l'insistance de Lee Teng-hui, à présenter sa démission le 23 août. Le président a chargé le député Vincent Siew, cinquante-huit ans, un économiste membre du parti au pouvoir, le Guomindang, de former le nouveau cabinet. Pour la plupart des commentateurs de la vie politique taiwanaise, cette démission devrait permettre à Lien Chan de se préparer à l'échéance présidentielle de l'an 2000.

Par ailleurs, une série d'affaires de corruption ont touché le Guomindang, dont plusieurs membres importants et quelques ministres ont été contraints de remettre leur démission. Les plus remarquées auront été sans conteste celle du ministre de la Justice, Ma Ying-jeou, une personnalité bénéficiant qu'alors d'une excellente popularité, et celle de James Soong, le gouverneur fort respecté de la province de Taiwan. Selon les analystes politiques, ce dernier pouvait lui aussi, comme Lien Chan, prétendre rejoindre les rangs des candidats à la présidentielle avec quelques chances de succès. Il reste que ces divers scandales, qui, on l'a dit, n'ont pas épargné des personnalités de premier plan, auront déclenché dans l'opinion publique une crise de confiance au détriment du chef de l'État.

(article le Monde interactif : www.lemonde.fr)

Site crée dans le cadre des TPE (travaux personnels encadrés) par des élèves de première ES 2 du Lycée Daudet à Nîmes.